Rapport sur le mouvement ouvrier chinois | Groupe pro-AIT en Chine

Texte écrit en mandarin et traduit en anglais le 23 janvier 2024 sur le site de l’Anarcho-Syndicalist Federation (Section australienne de l’AIT)

Rapport sur le mouvement ouvrier chinois

Par le groupe pro-AIT en Chine

Changement dans l’action ouvrière

Depuis les dix dernières années nous avons fait le suivi des statistiques des mouvements ouvriers de différentes régions et industries. Ce portrait révèle une situation sociale, politique et économique qui va au-delà du discours officiel. Il laisse aussi présager des changements futurs au sein du mouvement ouvrier.

Tout d’abord, la composition économique et le modèle de développement de la Chine ont subi des changements significatifs. Pendant plus de trois décennies, la Chine était dépendante de l’industrie manufacturière de faible coût destinée à l’exportation. On assiste à l’essor d’industries de services telles que les achats en ligne et la livraison de repas à l’aide de plateformes électroniques. En conséquence, de plus en plus de conflits de travail sont apparus dans des secteurs de services. Du service de la santé et de la restauration au service bancaire et financier, en passant par l’industrie du transport qui en découle, tel que le transport de marchandise.

Le 25 janvier 2021, des centaines d’infirmières de l’hôpital affilié à l’université de Yan’an (dans la province de Shaanxi) ont organisé un sit-in pour demander à l’hôpital une augmentation salariale et le paiement des pensions et de l’assurance médicale des employées. Le même mois, les coursiers de la société Best (dans la province de Hebei) se sont mis en grève parce que leurs patrons ne leur avaient pas payé leurs salaires. Des dizaines de milliers de colis non livrés se sont donc accumulés devant l’entrepôt sans que personne ne les ait livrés.

Si on peut constater que les conflits de travail dans les industries manufacturières traditionnelles stagnent, les conflits de travail dans les industries émergentes sont pour leur part de plus en plus fréquents.

Deuxièmement, depuis les années 1990, l’urbanisation et le développement économique des régions intérieures de la Chine, telles que le Sichuan et le Henan, se sont accélérés. Cela permet aux grandes entreprises des régions côtières d’avoir accès à un plus grand nombre de travailleurs-travailleuses. De plus, on observe aussi que les entreprises côtières se déploient à l’intérieur des terres. Donc les conflits de travail dans ces régions augmentent également.

Il fut un temps où Shenzhen était l’épicentre des manifestations ouvrières en Chine, mais les choses ont changées. En 2015, 75 manifestations ouvrières de l’industrie manufacturière ont été enregistrées à Shenzhen, ce qui représente 75 % de l’ensemble des actions ouvrières organisées de la ville cette année-là. Deux ans plus tard, en 2017, ce chiffre est tombé à 22 %, soit la moitié des actions organisées par des travailleurs-travailleuses de la ville cette année-là.

Enfin, les structures sociales traditionnelles liées au travail se sont effondrées. Les gens sont de plus en plus isolés socialement. De plus, la première génération de travailleurs-travailleuses migrants vieillit progressivement et le manque de main-d’œuvre s’accroît de jour en jour. Les systèmes de protection sociale tels que les pensions sont confrontés à des défis sans précédent. Depuis 2000, les usines ont remplacé les relations régionales et familiales sur lesquelles les travailleurs-travailleuses s’appuyaient autrefois, en leur offrant un lieu naturel de solidarité et de relations de réciprocité.

Une fois arrivés à Shenzhen, ou ailleurs, ces travailleurs-travailleuses venus du Sichuan, du Henan ou d’autres régions de l’intérieur s’apercevront que les différences régionales et ethniques n’ont plus d’importance. Face aux longues heures de travail, aux bas salaires et aux mauvais traitements, les conflits de travail deviennent en effet un problème bien plus important.

La question ultime qui se pose

Cela est devenu de plus en plus évident au cours de la dernière décennie. Avec l’essor des médias sociaux tels que Weibo, WeChat, Douyin et Kuaishou, les médias sociaux ont créé un nouveau type de relation, plus répandu que les relations interpersonnelles traditionnelles en face-à-face. Les médias sociaux ont remodelé la dynamique des manifestations ouvrières en Chine, comme l’ont montré les manifestations de 2018 à Shenzhen Jasic Technology Co, Ltd. Au cours de cette manifestation, les manifestant-e-s ont utilisé efficacement les médias numériques pour faire connaître la solidarité ouvrière et étudiante, malgré le fait que les autorités chinoises aient supprimé et bloqué du contenu.

Cependant, une action organisée réellement efficace nécessite une coordination à la fois en ligne et hors ligne. La facilité et la rapidité des communications en ligne risquent d’amener les militant-e-s à ignorer les relations en face-à-face qui ont lieu hors ligne. En fin de compte, les médias sociaux peuvent à leur tour devenir un outil utilisé par les employeurs et les autorités pour surveiller et réprimer les travailleurs. Si l’on examine les données des dix dernières années, on s’aperçoit que les manifestations dans l’industrie manufacturière ont considérablement diminué par rapport à l’ensemble des manifestations ouvrières en Chine. En 2013, les manifestations de travailleurs-travailleuses d’usine représentaient 46,5 % du total ; en 2020, ce chiffre ne représentait plus que 11 % du total.

Au cours de la décennie 2011-2020, les manifestations ouvrière des industries de service et des transports ont progressivement dépassé en importance les manifestations provenant de l’industrie manufacturière. C’est l’une des tendances les plus évidentes dans le mouvement ouvrier. Les travailleurs-travailleuses de la construction ont toujours été les principaux protagonistes de la contestation ouvrières chinoise. Leur apport au nombre total d’actions organisées de travailleurs est resté stable: autour de 40 %. Au début de l’année 2020, cette proportion a augmentée de manière significative. Un grand nombre d’entreprises de construction ont subi de graves problèmes de liquidités ainsi qu’une instabilité économique. Presque tous les cas impliquent des salaires impayés.

Intensification des conflits de travail dans le secteur des services

Les données montrent qu’au début des années 2010, la contestation ouvrière avait lieu plus souvent dans de grandes villes où les emplois étaient moins spécialisés: ramassage des ordures, nettoyage, magasin de détail et restauration. Mais au milieu des années 2010, la contestation s’est répandue dans tout le pays au sein de secteurs d’activité très variés. Comme les hôtels, les bars et les salles de karaoké, les gymnases, les entreprises de technologie, les banques et les sociétés financières, les établissements médicaux, les garderies et d’autres établissements d’enseignement privés. Il y a eu de la contestation ouvrière dans des institutions de classes préparatoires, dans des écoles de conduite; de même que dans des terrains de golf et des parcs d’attraction, des équipes de football professionnel, des chaînes de télévision et des médias locaux.

En juin 2014, les enseignant-e-s du secondaire de l’école Chenzhong Middle School à Chongqing se sont mis en grève pour aller manifester et exiger que l’école paie les arriérés de salaires et leur garantisse un « traitement juste et équitable ». Le même mois, des employé-e-s de China Mobile ont manifesté devant la société Shandong Heze Mobile et devant le gouvernement municipal pour dénoncer des licenciements injustes. En décembre de la même année, des employé-e-s du supermarché China Resources Vanguard à Tangshan, dans la province de Hebei, ont organisé une manifestation devant le magasin, exigeant que l’entreprise leur accorde les mêmes indemnités de licenciement qu’aux employé-e-s d’une autre succursale. Sur la banderole des travailleurs, on pouvait lire « China Resources Vanguard, accordez-moi un traitement équitable! ».

Avant 2017, les manifestations dans le secteur des transports étaient généralement organisées par les chauffeurs de taxi. Quelques coursiers ou livreurs de nourriture y participaient. Mais ces dernières années, les choses ont radicalement changées. Le développement rapide du commerce électronique a favorisé le développement à grande échelle de l’économie à la tâche [gig economy] dans la livraison de nourriture et d’autres industries de services de livraison express. Le nombre d’emplois dans cette industrie émergente a augmenté de manière spectaculaire.

Toutefois, les relations de travail étant plus incertaines que dans les industries traditionnelles, les conflits de travail se sont également multipliés. À la fin des années 2010, le commerce électronique s’est considérablement développé en Chine. En 2019, les ventes en ligne de la Chine ont totalisé 1,9 billion de dollars, soit plus de trois fois celles des États-Unis, le deuxième plus grand marché du commerce électronique au monde. En 2020, la Chine représentait près de 55 % du marché mondial du commerce électronique. De plus en plus de personnes commencent à faire des achats en ligne, et la demande de conducteurs pour les entreprises de logistique augmente régulièrement, même pendant la pandémie de COVID en 2020. En plus, le gouvernement a encouragé la construction de stations de livraison express communautaires et a augmenté le nombre d’emplois « flexibles ».

Une économie à la tâche précaire pour répondre à la hausse du chômage

Rien qu’au premier semestre 2020, Meituan, la plus grande plateforme chinoise de livraison de nourriture en ligne, a recruté 1,4 million d’employé-e-s à la tâche. Une enquête a révélé que 30 % d’entre eux-elles avaient rejoint la plateforme après avoir perdu leur emploi dans d’autres secteurs, et qu’un nombre important d’entre eux-elles avaient au moins un baccalauréat, ce qui représente près de 25 % des 2,95 millions de travailleurs-travailleuses à la tâche chez Meituan.

Depuis 2015, le nombre de manifestations de chauffeurs de taxi a diminué. Cependant, l’épidémie de COVID-19 en 2020 a fait dégringoler les revenus des taxis, alors que les compagnies percevaient beaucoup de frais. Ce qui a conduit à une augmentation significative de la contestation des chauffeurs. En 2020, on a enregistré en moyenne 116 manifestations de chauffeurs de taxi, soit le double des 54 enregistrées en 2019. Cette tendance est encore plus marquée si l’on considère les chauffeurs de taxi dans le contexte de l’ensemble des contestations ouvrières. En 2013, les manifestations de chauffeurs de taxi représentaient environ 15 % du total, ce chiffre est tombé à 8,2 % en 2016 et à seulement 3,9 % en 2019, mais en 2020, il est remonté à 14,5 %. Depuis 2017, les grèves et les manifestations des travailleurs des plateformes de transport d’applications chinoises sont devenues monnaie courante. Face à la féroce concurrence du secteur, les plateformes continuent de réduire les coûts pour s’emparer des avantages du marché. Des revenus instables et des systèmes d’amendes sévères ont conduit à des manifestations fréquentes de travailleurs.

De janvier 2017 à décembre 2020, 220 manifestations de livreurs de restaurants et de coursiers ont été enregistrées, représentant environ un tiers de toutes les manifestations de l’industrie du transport au cours de cette période. Les livreurs de nourriture sur les plateformes d’applis telles que Meituan et Ele.me sont depuis longtemps confrontés à des abus très répandus en matière de droits du travail, notamment des quarts de travail de 18 heures et des amendes en cas de livraison tardive. Sous le contrôle de l’algorithme, les travailleurs-travailleuses n’ont aucun pouvoir de négociation, et même après un accident du travail, la plateforme ne reconnaît pas du tout la relation de travail, ce qui les rend démunis dans la défense de leurs droits.

Au cours des dix prochaines années, la structure économique de la Chine continuera à vivre de nouveaux changements. En particulier le basculement de la structure industrielle vers l’industrie des services et le commerce électronique. De plus en plus de conflits de travail pourraient porter sur de nouveaux types de postes de travail flexibles. Cela entraînera une série de nouveaux problèmes de relation de travail et de droits des travailleurs.

Changements régionaux dans le mouvement ouvrier

Au début des années 2010, la plupart des conflits de travail en Chine étaient concentrés dans les provinces côtières du sud-est, en particulier dans le cœur économique qu’est le Guangdong. Cependant, comme les industries à faible coûts destinées à l’exportation se déplacent progressivement vers l’étranger et que l’urbanisation se développe à l’intérieur des terres, la proportion globale de manifestations de travailleurs-travailleuses dans la province de Guangdong continue de diminuer.

La nature changeante de la résistance ouvrière organisée

Après 2015, l’industrie des services a progressivement remplacé l’industrie manufacturière en tant qu’industrie contribuant le plus au PIB de la Chine. Cette évolution a été suivie d’une augmentation de la précarité et de l’isolement des travailleurs-travailleuses, ce qui a entraîné des changements significatifs dans la manière de s’organiser et d’agir collectivement.

Dans le passé, les secteurs manufacturiers, miniers et autres secteurs industriels employaient souvent un grand nombre de travailleurs-travailleuses dans des lieux fixes ; l’une des tendances les plus évidentes aujourd’hui est une réduction marquée du nombre de manifestations de masse.

La dernière manifestation d’envergure de travailleurs-travailleuses d’usine a été la grève de l’usine de chaussures Yue Yuen de Dongguan en avril 2014. À l’époque, 40 000 travailleurs-travailleuses ont fait grève pendant deux semaines pour dénoncer les bas salaires et le non-paiement des cotisations de sécurité sociale par l’entreprise. Depuis 2015, de nombreuses grandes usines ont fermé ou licencié la plupart de leurs travailleurs-travailleuses. Les usines restantes sont pour la plupart plus stables et plus rentables parce qu’elles peuvent offrir des salaires relativement raisonnables et ont moins de conflit de travail.

La diminution du nombre de rassemblement impliquant un millier de travailleurs-travailleuses ou plus dans les données peut s’expliquer en partie par le fait qu’au début des années 2010, les grèves et manifestations de grande ampleur étaient plus faciles à trouver sur les médias sociaux que les manifestations plus modestes. Cependant, la raison la plus importante est qu’au cours de la seconde moitié des années 2010, le gouvernement est devenu plus énergique dans sa lutte contre les actions de masse qui menaçaient la stabilité sociale et nuisaient à l’image du Parti communiste.

Le revers le plus marquant pour le gouvernement en matière de travail s’est produit le 11 mars 2016 dans la ville de Shuangyashan, dans la province du Heilongjiang. À l’époque, le gouverneur de la province du Heilongjiang, Lu Hao, assistait au Congrès national du peuple à Pékin, et des milliers de mineurs de charbon en colère ont défilé dans les rues de Shuangyashan pour réclamer que le groupe Heilongjiang Longmei paie les salaires en souffrance depuis plus de deux mois. Le groupe Longmei est une entreprise publique lourdement endettée en raison d’une surcapacité de production de charbon. Ce qui a rendu les travailleurs encore plus furieux, c’est que le gouverneur provincial Lu Hao a déclaré publiquement lors des deux sessions que le groupe Longmei « ne devait pas un centime aux mineurs ». Les travailleurs de Longmei ont réagi avec colère. Il s’agissait de la plus grande manifestation contre une entreprise d’État depuis de nombreuses années. Cette action a contraint le gouvernement local à demander au groupe Longmei de payer les salaires de tous les travailleurs.

Mais les autorités ont également fait savoir que ce type de manifestation ne serait pas toléré. Le 13 mars, la police a fait irruption dans les résidences des travailleurs, a arrêté de nombreux mineurs ayant participé à la manifestation et a publié des avis de recherche pour au moins 75 personnes. La stratégie de tolérance zéro du gouvernement central consiste à punir sévèrement les « fauteurs de troubles »afin d’intimider d’autres meneurs-meneuses potentiels et d’empêcher d’autres régions d’imiter ces mouvements de masse.

Après l’incident de Shuangyashan, le Comité central du Parti communiste chinois et le Conseil d’État ont introduit de nouvelles mesures sécuritaires. Toutes les responsabilités en matière d’incidents de masse à grande échelle ont été transférées aux gouvernements locaux. Comme le gouvernement applique une tolérance zéro pour les incidents de masse, les hauts fonctionnaires locaux peuvent être démis de leurs fonctions si de tels incidents se produisent. À la fin des années 2010, les organisations non gouvernementales (ONG) de travailleurs de la province de Guangdong ont également continué à être réprimées. Au cours de la dernière décennie, ces ONG ont acquis une grande expérience en fournissant aux travailleurs des usines locales les compétences dont ils ont particulièrement besoin pour mener des actions organisées. Dans plusieurs cas bien connus de défense des droits des travailleurs, ces ONG ont réussi à amener les employeurs à la table de négociation. Dans la pratique, elles créaient un nouveau modèle de négociation collective. L’absence des syndicats officiels dans la défense des droits des travailleurs-travailleuses se faisait aussi sentir.

La suppression de ces ONG ouvrières par le gouvernement a laissé les travailleurs-travailleuses pris au dépourvu, sans conseil ni soutien fiable et professionnel dans la transmission du savoir-faire lutte ouvrière. Par conséquent, de plus en plus de travailleurs-travailleuses se tournent vers l’organisation en ligne et utilisent divers logiciels de communication pour s’organiser. Par exemple, en 2016, les employé-e-s de Walmart ont organisé plusieurs grèves pour dénoncer les changements apportés par l’entreprise à son système de quart de travail. Le nombre réel de personnes participant aux manifestations en personne est limité, mais on estime qu’environ 100 000 employé-e-s de Walmart sont entrés dans le groupe de soutien en ligne nouvellement créé, contribuant ainsi à combattre l’isolement des employé-e-s qui luttent contre leur puissant employeur.

Avec l’organisation en ligne, tout le monde, même les collègues qui se trouvent à des milliers de kilomètres, semble partager une identité commune, fait face aux mêmes difficultés et trouve des solutions communes. Plus tard, au cours de l’été 2018, des grutiers et des camionneurs ont adopté des tactiques similaires, organisant des manifestations à l’échelle nationale pour dénoncer la baisse des salaires et la détérioration des conditions de travail. La même année, les travailleurs-travailleuses de Shenzhen Jasic Technology Co. Ltd. sont allés plus loin en utilisant les médias sociaux pour entrer en contact avec des groupes d’étudiant-e-s et de sympathisant-e-s. Toutefois, l’organisation en ligne comporte des risques, et les travailleurs-travailleuses de Jasic et leurs sympathisant-e-s ont été arrêtés et détenus en grand nombre.

Les multiples arrestations du dirigeant des livreurs, Chen Guojiang, en 2019 et en février 2021, l’ont également prouvé. Chen Guojiang est également connu comme meneur de l’Alliance des livreurs. Il a déjà mis en place un vaste réseau d’entraide pour les livreurs, l’« Alliance des chevaliers de la livraison », qui relie plus de 14 000 livreurs. Chen Guojiang a publié de nombreuses vidéos appelant tout le monde à s’intéresser aux droits des livreurs. Il a dénoncé la répression des travailleurs par la plateforme et a critiqué cette dernière.

Violation flagrante des lois, des amendes pour les livreurs en retard et autres comportements inappropriés

En septembre 2020, Chen Guojiang a déclaré qu’il espérait que les autorités puissent mettre en place une organisation de type syndical pour les livreurs. Il espérait que cette organisation pourrait représenter les travailleurs-travailleuses et les plateformes pour négocier les questions relatives au traitement des travailleurs-travailleuses, et que le gouvernement local -plutôt que de permettre à des entreprises privées telles que Meituan et Ele.me d’exploiter à leur guise les livreurs- prendrait l’initiative de réglementer les normes de travail dans l’industrie de la livraison de nourriture

Il a finalement été arrêté par des agents en 2021. Son arrestation est certainement un avertissement pour l’action organisée en ligne. Le message officiel ne pourrait être plus clair. Quoi qu’inactive, fermée d’esprit ou déconnectée des revendications ouvrières, l’organisation syndicale officielle ne peut tolérer que d’influents meneurs d’opinion, extérieurs à elle, puissent s’exprimer au nom des travailleurs-travailleuses.

En fait, la plupart des manifestations actuelles de travailleurs-travailleuses sont mal organisées. Les luttes ont tendance à être de petite taille (moins d’une centaine de participant-e-s) et de courte durée, et se concentrent sur la résolution de conflits spécifiques. Les manifestations visent généralement à attirer l’attention de la société sur le sort des travailleurs et à obtenir une intervention des pouvoirs publics, plutôt que d’établir un dialogue direct avec les employeurs ou les autorités locales. De nombreux travailleurs-travailleuses n’organisent même plus de manifestations physiques, mais se contentent de lancer des appels à l’aide en ligne, des actions qui, souvent, ne contribuent guère à résoudre leur problème.

La réponse du gouvernement

Peut-être pour éviter l’émergence d’un autre mouvement du type Shuangyashan, le gouvernement central s’est donné beaucoup de mal à la fin des années 2010 pour s’assurer que les travailleurs-travailleuses licencié-e-s, en particulier les mineurs de charbon et les sidérurgistes, soient entièrement payés, et se voient également fournir une compensation adéquate lors des fermetures ou compressions de grandes entreprises d’État. Depuis 2019, alors que l’incertitude économique continue de s’intensifier, le Parti communiste chinois a continué à mettre l’accent sur les « six stabilités » et a donné la priorité au « maintien de la stabilité de l’emploi ». Le président Xi Jinping a souligné à plusieurs reprises l’importance des « six stabilités » et a insisté sur le fait que « les questions liées à l’emploi devraient recevoir une priorité maximale. » Chen Qiqing, professeur à l’École centrale du parti, a analysé ces « six stabilités » dans une interview accordée au « Study Times » en mai 2020. Il a clairement indiqué que « si les emplois ne peuvent être maintenu, tout peut être perdu, même les fondations de la stabilité sociale ».

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